Sècheresse : Penser le changement ou changer le pansement ?
Sècheresse : Penser le changement ou changer le pansement ?
Autonomie et résilience : mots d'ordre 2020
Ça faisait longtemps que je n'avais pas écrit, et c'est la première fois sur ce nouveau site.
Ce n'était pas prémédité et le coup est parti tout seul, comme une balle. Un coup de gueule mais aussi un cri d'espoir : devant ce qui s'annonce, jamais notre expertise ne m'a semblé aussi importante, voire vitale. Autosatisfaction ? non, mais préparer le pire tout en espérant le meilleur est notre fil directeur depuis des années maintenant. Et ça y est, le pire est devant nous. C'était déjà le cas au niveau climatique et biodiversité, mais il semble que l'ensemble des courbes aient décidé de se croiser cette année et les exponentielles montrent leurs dents...
Je suis venu à la permaculture il y a une dizaine d'année car elle semblait être LA réponse aux questions existentielles que je me posais sur le présent et l'avenir de notre monde. Comment créer une société humaine durable ? Comment vivre dans un monde effondré ? Comment augmenter notre autonomie individuelle et collective, en un mot : notre résilience, face à des perspectives de plus en plus sombres ?
C'est une période angoissante au possible, mais terriblement passionnante : car si on va plus loin, cette crise systémique et globale nous en apprend ENORMEMENT sur notre époque. « Apocalypse » ne signifie pas fin du monde, mais plutôt « Révélation ».
Et jamais la réalité n’a éclaté au grand jour comme ces dernières semaines : les conséquences crasses du néolibéralisme mondialisé et de la destruction consciencieuse des services publiques et du tissu industriel nous explosent en pleine figure. Cette imposture économique laisse derrière elle des morts et une explosion des inégalités et des injustices. Pendant ce temps-là l’État fini de perdre le peu de crédit qu'il lui restait et l'Europe prouve magistralement son inutilité.
L'angoisse additionnelle est que les nouveaux chantres du « monde d’après » sont précisément les anciens du monde d’avant. Ces pyromanes sont les stars du bal des pompiers et nous expliquent la larme à l’œil que pour que tout redevienne comme avant il va falloir que ce soit pire : récession, chômage, pauvreté, diminution des libertés personnelles etc. Tout ça pour que la croissance revienne enfin et que ça nous rende enfin heureux.
Peut-être est-il enfin temps de (re)devenir sérieux ?
Déjà peut-on se poser la question légitime si ce monde d’avant était si désirable que cela. Vous avez une heure.
Ensuite qu’on le veuille ou pas, plus rien ne sera comme avant. Ce n’est pas une récession qui se profile, c’est une dépression. Et pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité, elle est globale. Mondialisée. Non, notre monde va changer, et nous allons devoir nous prendre en main. Et vite.
Les premières ruptures dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire se profilent déjà, nos sociétés qu’on croyait si fortes commencent à connaître le manque. Rien de grave pour l’instant, et comme d’habitude, ce sont les pays les plus pauvres qui vont en payer le prix en premier. C’est assez immoral mais nous avons, nous autres occidentaux, la chance d’avoir encore un peu de temps pour nous préparer à amortir le choc.
Pendant ce temps-là, la cata climatique continue et s’accentue, les dix derniers mois ont été consécutivement plus chauds que la normale, les agriculteurs déjà en manque critique de main-d’œuvre sont très inquiets de la suite du printemps et prient déjà pour la pluie.
Pendant que j'écris ces lignes, le baril de pétrole (enfin plus exactement sa version financière) vient de passer à un prix... négatif. Terre inconnue droit devant !
Bref, devant la mer de nuages qui s'amoncèle et obscurcit l'horizon, nous estimons qu'il est temps d'espérer le meilleur sans négliger de se préparer au pire...
Or, déconfinement en mai. Nous annulons ou reportons donc les formations qui nous semblent pourtant les plus importantes pour ce début d’année : crowdfounding, potager en perma et plantes sauvages comestibles. Mais nous n’avons pas dit notre dernier mot.
Il paraît que nous sommes « en guerre ». Prise de Terre vous propose donc un programme « de guerre » pour l’après. Nous ressentons une urgence, une vraie, de celles qui viennent du ventre. Etes-vous prêts à attendre patiemment que tout redevienne comme avant, au risque que ça n’arrive jamais ?
Les maîtres-mots, nous l’assumons désormais, seront autonomie et résilience.
Pourquoi la résilience ? Parce que nous avons TOUS une vision bien claire dorénavant de ce que peut donner un système non résilient : la moindre perturbation engendre de facto un effondrement systémique incontrôlable.
Nous y sommes et ne voulons plus de ça.
Cette période nous a laissé sidérés et terriblement impuissants à pouvoir agir. Nous vous proposons d'être acteurs du monde d'après, à gagner en autonomie et en résilience parce que la permaculture des débuts, fleur bleue et idéaliste va certainement retrouver ses lettres de noblesse et de pragmatisme dans un monde de plus en plus incertain. Et nous permettre de continuer d'espérer le meilleur :
Nous avons du pain sur la planche pour les mois, années à venir. Une autre façon d'habiter la Terre et de faire société est plus que nécessaire et on observe les prémisses de quelque chose de nouveau depuis cette crise.
Retroussons-nous les manches car il n'y a rien de plus fort qu'une idée dont le temps est venu...