Sècheresse : Penser le changement ou changer le pansement ?
Sècheresse : Penser le changement ou changer le pansement ?
Faire une spirale aromatique en 2 temps 3 mouvements. Enfin presque.
L’une des marottes (et ils en ont beaucoup) des permaculteurs est de supprimer les lignes droites, quelles qu’elles soient : inesthétiques, inexistantes dans la Nature et totalement dysfonctionnelles, elles seront remplacées par des lignes courbes, des formes organiques et naturelles, plus aptes à remplir des fonctions utiles à la Vie. Ces « patterns » ou motifs de la Nature sont les bases de construction du vivant et on les retrouve partout, de la cellule végétale aux grandes formations géologiques :
Chaque série de pattern possède une ou plusieurs actions spécifiques : stocker, distribuer, concentrer, etc… Ces particularités énergétiques seront les guides, des références pour le design en permaculture.
L’une des figures emblématique de la permaculture est la spirale, symbole englobant et concentrant en même temps, multidirectionnel, il incarne mieux qu’aucun autre la vision globale de la permaculture.
Je vous propose aujourd’hui un petit tutoriel pour construire une spirale d’aromatique. Plus qu’un passage obligé, un « marronnier » de la permaculture, cette dernière est avant tout une porte ouverte sur ses principes, une façon d’appréhender la vision et l’éthique, la réalisation d’une telle spirale ayant déjà été un support pour des cessions d’introduction à la permaculture…
Sur une zone de culture « conventionnelle » c’est à dire plate et en ligne droite, toutes les plantes sont soumises aux mêmes conditions climatiques, hydriques, pédologiques. Plus facile pour travailler le sol et gérer la monoculture certes, mais dans un contexte permacole, aucun intérêt.
L’idée est de passer de la 2D à la 3D, multiplier les écosystèmes en faisant varier ces mêmes paramètres (climat, disponibilité en eau, nature du sol), en jouant sur les hauteurs, les expositions, les natures de sol. Le fait de multiplier les « ambiances » nous permettra de pouvoir planter une grande diversité de plantes, avec chacune ses exigences particulières et ainsi obtenir une biodiversité maximale sur un très petit espace. La biodiversité est en même temps la cause et la conséquence de la permaculture!
Dans le système de zonage classique, la zone de production d’herbes aromatiques se trouve à proximité de la maison, en zone 1 (on ne va pas aller chercher son persil à 200m). On choisira un espace ouvert, uniforme et plat. Sur notre ferme, les zones plates sont rares et précieuses, nous l’avons donc placée en bas des escaliers sur une partie (presque) plate. En rajoutant un ou deux pas japonais, nous pourrons donc aller chercher nos herbes sans nous mouiller les pantoufles.
Dimensionnement : cette spirale fait approximativement 2m de diamètre, ce qui est une bonne base. L’idée est de multiplier les zones micro-climatiques, les effets de bordures. Ces derniers n’auront qu’un effet limité si la taille n’est pas minimale. La hauteur en particulier est fondamentale, c’est elle qui délimitera les zones de soleil, d’ombre, la profondeur exploitable, etc. Une spirale trop plate ne remplit pas son office…
On commence donc par tracer le périmètre du cercle final au sol. Il est important de garder le centre de la spirale visible le plus longtemps possible (genre un grand bâton ou un fer à béton). On peut tracer avec de la craie, du sable, des bâtons reliés par de la ficelle, de la paille, voire de la bombe fluo toxique-mais-c’est-mal.
Quand vous avez tracé votre diamètre, vous pouvez décaisser de la hauteur d’un fer de bêche, la terre enlevée servira à remplir votre spirale.
On trace ensuite le diamètre nord/sud. On divise cette ligne en 5 points appelés de leurs petits nom respectivement a, b,c, d et e. Oui je sais quelle audace…
Voilà, le plan de votre spirale est fait! mais ce n’est pas fini : de la 2D il faut passer à la 3D. On va verser ensuite au centre un important tas de petits cailloux, gravats et autres bouts de brique pour donner le volume nécessaire mais aussi assurer un sol plus drainant au centre :
On choisira comme matériaux de construction préférentiellement… ce qu’on a sur place : briques, pierres, galets, tout en sachant que les angles sont la base de la solidité de la structure…
On commence donc à monter! le plus difficile étant de faire tenir les pierres sur le tas de « tout-venant » du centre. Astuce : au fur et à mesure qu’on avance le muret, il faut rajouter de la terre qui calera les pierres unes à unes. On montera jusqu’à la hauteur voulue, c’est à dire au minimum 1mètre. L’important est de faire une pente régulière jusqu’en haut.
Le matériel : (on est d’accord, on fait SURTOUT avec ce qu’on a)
L’objectif d’un tel système est de multiplier les biotopes vous l’avez compris. Mais l’exposition, la profondeur de sol ne fait pas tout : nous allons aussi modifier la texture du sol en rajoutant, de manière progressive :
On obtient ainsi différents biotopes sur une même surface : des parties ombragées, d’autres très ensoleillées, des zones humifères, d’autres desséchantes, certaines parties avec beaucoup de sol, d’autres moins, etc…
Ce sont toutes les variations de ces changements qui font de ce système une alternative riche et propice à une biodiversité maximale. Il ne restera plus ensuite qu’à choisir les plantes les plus adaptées pour chaque biotope.
Bien entendu, il ne faut pas s’empêcher d’implanter des fleurs vivaces avec les aromatiques, ces dernières participeront à l’harmonie de l’ensemble en attirant divers pollinisateurs et en ajoutant de la couleur à un massif parfois peu fleuri…
Sur notre exemple (photo de couverture), il reste à végétaliser la partie basse et moyenne.
Je ne vous donnerais pas un plan sectorisé tout fait avec l’emplacement ad hoc pour chaque espèce car tout dépend :
De plus, il n’y a pas de règles absolues mais des règles de base car il s’agit surtout de comprendre l’idée : faites marcher votre intuition ! En gros :
Je conseille de mulcher (pailler) uniquement la partie basse de la spirale pour limiter l’enherbement, la partie haute restant plus sèche et donc plus cohérente avec le biotope aride des plantes de garrigue. Un peu de désherbage manuel pour une fois, qui se limitera au fur et à mesure de la pousse des plantes.
Bonus : dans les interstices des pierres de votre spirale, n’hésitez pas à rajouter tiges creuses (sureau, framboisiers, bambous), vieilles briques creuses, morceaux de bûches perforées de trous de différents diamètres pour faire des gîtes pour les insectes auxiliaires. Un trois étoiles autant pour la flore que pour la faune, qui ravira vos sens toute l’année!