Sècheresse : Penser le changement ou changer le pansement ?
Sècheresse : Penser le changement ou changer le pansement ?
lire le paysage avec 2 bouts de ficelle
Ca y est enfin, on arrive à appréhender la fin de cet hiver aussi pourri qu’ interminable, et on peut enfin commencer à timidement sortir le nez de son terrier, la peau blafarde et les yeux plissés par un soleil que l’on n’a vu qu’épisodiquement depuis des mois… Mais le travail qu’il y a à effectuer sur le lieu donne envie de retourner s’enfermer dans sa garçonnière à triple tour. Bon… par quoi je commence?
Comme je l’expliquais déjà, notre territoire est majoritairement en pente, ce qui n’est pas un problème en soit mais plutôt une bonne chose : si elle est bien pensée et organisée, la pente permet d’optimiser la circulation des énergies (eau, déplacements, transports), de la fertilité (terre, humus, paillages, effluents animaux, …). La gravité, si elle est bien anticipée peut être votre amie et vous simplifier la vie. Ça fera, je pense, le sujet d’un post spécifique.
Je vais vous parler d’un moyen ridiculement simple mais diablement efficace (que la plupart de ceux qui ont fait un cours certifié de permaculture connaisse) pour matérialiser les courbes de niveau sans avoir besoin d’un niveau à bulle, ou autre laser. Il ne nécessite que 3 bouts de planches, quelques clous, un vieux bout de ficelle. Même les mauvais bricoleurs comme moi y arriveront sans problème.
J’ai testé pour vous : le niveau égyptien !
La lutte contre l’érosion, le stockage de l’eau et des éléments nutritifs est une obsession, un sacerdoce pour les permaculteurs, toujours cette recherche d’efficacité maximale pour limiter des intrants, autonomiser le système et l’améliorer sans cesse. C’est possible, et ça marche : baissières, terrasses, canalisation des eaux superficielles, drainages et autres sont des techniques qui s’appuient sur les courbes de niveau pour retenir, diriger, stocker, infiltrer les eaux et tous les éléments en solution/suspension.
Les courbes de niveau, en topographie sont des lignes imaginaires qui joignent tous les points situés à la même altitude. Plus les courbes de niveau sont serrées, plus la pente est forte, plus elles sont éloignées les unes des autres, plus la pente est faible.
Voici une technique à 2 balles pour tracer vous-même les courbes de niveau : le niveau égyptien, aussi appelé A-frame, dû à sa forme (en « A »).
Vous avez besoin donc de pas grand chose : planches, clous (pour les plus nuls pensez au marteau), un bout de ficelle, un crayon, quelque chose de lourd pour mettre au bout du fil (boulon, pierre, …) et voilà.
Peu importe la longueur des « pieds » de l’instrument, il s’agira de l’adapter à ce que vous voulez en faire (entre 1 m et 1.50m me paraît bien pour un usage extérieur), peu importe même qu’ils soient de même longueur, mais qui peut le plus peut le moins…
Faites faire un angle, d’environ 45° à ces 2 premières planches, puis fixez la troisième en bas. Le mieux est qu’elle soit plus ou moins horizontale, mais comme vous le verrez plus tard, ce n’est pas primordial.
Astuce, ne faites pas comme moi, re-haussez un peu la partie horizontale, car si on veut travailler dans un champs avec de l’herbe haute, on est marron.
La dernière partie : la ficelle part du sommet de l’engin, passe devant la planche et est lestée par ce qu’il vous plaira. Il faut ensuite placer le niveau sur une zone parfaitement horizontale (sur le carrelage de la cuisine par exemple?), attendre que le fil lesté s’immobilise et marquer d’une graduation sa position sur la planche. Vous avez désormais la graduation qui correspond à l’horizontalité !
Comme les courbes de niveau correspondent à des points situés à la même altitude, il suffit à partir d’un point de rechercher un autre point horizontal, puis un 2ème, etc… et on obtient sa courbe de niveau.
Travaux pratiques :
On part donc d’un point, on place le A-frame debout, un pied sur ce point et on cherche avec l’autre pied le niveau où le fil retombe pile-poil sur la marque. Ces 2 points sont donc à la même altitude, puis on belotte et rebelotte à l’envie.
Voici un premier test pour une partie peu intéressante que je souhaitais mettre à profit. L’objectif était de monter un mur, ou une palissade en bois pour mettre les excès de terre issus du curage des fossés d’irrigation (situés sur la plateforme du haut) et ainsi créer des zones de cultures sur ce qui n’est qu’une pente rocheuse. Je souhaitais suivre les courbes de niveau par simplicité et esthétisme. Je n’ai pas encore tranché de la pertinence ici.
On peut remarquer néanmoins que la courbe suit clairement la pente et diffère selon son pourcentage….
Il va sans dire que cette technique est a réserver pour les petits travaux, car plus la courbe est longue, plus les petites erreurs vont s’amplifier, jusqu’à arriver à des drames. Imaginez 3 jours à creuser une baissière (pour infiltrer l’eau) qui se transforme avec la pente en drain (pour l’évacuer)…
Comme technique low-cost, il existe aussi le niveau à eau, qui utilise le principe des vases communicants, il sera plus utilisé dans des endroits où l’on peut être gêné par les buissons, arbres, et autres rochers. Nos niveaux à eau sont du bricolage, pas toujours étanches ni précis. J'ai d'ailleurs observé un fait qui me fait largement préférer le niveau égyptien : suivant la position du soleil, la chaleur et la nébulosité, l'eau se dilate plus ou moins dans le tuyau, faisant moduler le niveau d'eau à chaque nuage...
On peut aussi tout simplement fixer une niveau à bulle à une règle de maçon à qui ont a mis des "pattes".
Les niveaux lasers sont eux, plus utilisés pour les ouvrages de canalisation et de stockage d'eau conséquents.
A plus tard dans d’autres aventures pour toujours casser plus de pente!