Skip to content
Prise de Terre

Les fixateurs d'azote en permaculture

Des plantes-clés pour la résilience des systèmes

Par Mathieu Foudral, dans Techniques -

Dans un système en permaculture durable et résilient, chaque élément doit avoir plusieurs fonctions.

Une des fonctions fondamentales au bon fonctionnement d’un écosystème (cultivé ou naturel) est celle de fixateur d’azote. Pour plus d’infos sur les guildes voir ici et ici. Kesako?

Certaines plantes, dont en particulier la famille des légumineuses (fabacées), ont la particularité de fixer l’azote atmosphérique par le biais de symbiose avec des bactéries (rhizobium) situées dans leurs racines : c’est ce qu’on appelle des nodosités. Et l’azote, c’est un peu le carburant des plantes et de la photosynthèse en général, il a un rôle clé dans le métabolisme et la croissance.

Ces plantes rendent biodisponible cet azote pour les autres à la faveur d’une taille ou de leur mort, voici donc l’alternative toute trouvée pour les engrais azotés et les effluents d’élevage. Le tissu conducteur apporte à la nodosité les glucides et autres substances organiques nécessaires au métabolisme cellulaire. Il transporte aussi les composés azotés produits dans la nodosité vers le cylindre central, qui les distribuera dans toute la plante. 

La présence de légumineuse est donc un facteur primordial dans la bonne santé d’un système végétal. C’est pour cela qu’on les trouve dans toutes les conditions possibles et sous toutes les latitudes (prairie sèche, humide, forêt dense, lisière forestière etc). De plus ces plantes-à-tout-faire ont d’autres avantages qui en font la clé de voûte d’un système efficace et multifonctionnel :

  • La plupart sont comestibles pour l’homme ou pour le fourrage des animaux : riches en protéines, elles sont appétantes et nutritives. Tiges, fleurs, gousses, feuilles, tout ou partie est comestible cru ou cuit. La liste qui va suivre vous en donnera un aperçu.
  • Elles sont si diversifiées qu’elles s’adaptent à toutes les conditions possibles : climatiques, pédologiques, ombrage, ...
  • Elles sont si diversifiées qu’on les trouve de toutes les tailles : du plus petit lotier corniculé au plus grand févier d’amérique, elles s’adaptent à chaque contexte.
  • Elles sont hautement florifères et mellifères, et participent donc indirectement par les abeilles à l’augmentation du rendement global du système
  • Elles sont… belles, ce qui est une fonction suffisante à elle seule !

Petit tour d’horizon de ces plantes fétiches en permaculture :

Les Fabacées (Légumineuses) :

Originaires d’Afrique, de Chine, d’Indonésie, d’Europe, d’Amérique du Sud et cultivées depuis plus de 6000 ans, c’est la famille végétale qui fournit le plus grand nombre d’espèces utiles à l’homme, qu’elles soient  alimentaires, industrielles ou médicinales.

Cette famille inclut plus de 600 genres et 12000 espèces.

Environ 25 espèces sont utilisées pour l’alimentation actuellement dont les plus importantes, le pois et le haricot, sont consommées en légume sec ou légume frais.

Cette famille à connu de nombreuses reclassifications botaniques. Les anciennes appellations «Légumineuses» ou «Papilionacées» sont parfois employées.

Les reconnaître

Facile ! les fabacées ont des caractéristiques simples à reconnaître :

  • la fleur : famille anciennement appelée papilionacées la fleur est très particulière et en forme de … papillon. Et c’est toujours le cas des espèces herbacées aux arbres de canopée. Des exemples marquants sont la fleur du haricot et de la glycine :

Lupin jaune (à consommer en tapas !)

  • les fruits : souvent en forme de gousses : haricots, genêts, acacias, etc…
  • les feuilles sont la grande plupart du temps découpées en folioles.

Des exemples de fabacées couramment utilisées en permaculture, classés selon les strates :

Arbres :

Gleditzia triacanthos, ou févier d'Amérique

  • Le févier d’amérique (gleditzia triacanthos) : gousses et feuillage comestibles pour le bétail, fixateur d’azote assez moyen. Attention aux épines !
  • Le robinier faux acacia (robinia pseudoacacia) : très mellifère, excellent bois d’œuvre pour l’extérieur en particulier, fourrage pour le bétail. Et encore, attention aux épines !
  • Le sophora japonica, bel arbre dont les gousses immatures possèdent un dérivé du saccharose.
  • Le caragana arborescens : arbre de 4 à 5m très rustique, dont les gousses contiennent des pois comestibles cuits. Les fleurs sont également comestibles.

Arbustes :

Cytisus scoparius

  • toute la famille des genêts : cytises, ajoncs, genêts vrais. Ils ne sont pas comestibles sauf éventuellement pour le fourrage des animaux. Mais ce sont en général des pionniers puissants, capables d’améliorer rapidement un sol pauvre et acide ainsi que de très bons mellifère.

Plantes vivaces :

  • lupin vivace : une floraison magnifique pour un lupin non comestible,
  • en outre, le lupin blanc, qui est annuel, est utilisé pour l’alimentation animale et humaine (les fameux tramousses que l’on mange en apéro dans le pourtour méditerranéen).
  • La luzerne : très vigoureuse, elle peut être utilisée en « chop’n drop » : elle est fauchée plusieurs fois par an et est utilisée en paillage tout autour. Le fait de la couper provoque la libération d’azote contenu dans les racines.
  • Le trèfle : le trèfle incarnat, très décoratif peut éventuellement servir comme la luzerne de chop’n drop. Le trèfle blanc nain, lui, est très intéressant en regard de son faible développement et de son étalement naturel. Il est de fait utilisé en couvre-sol et dans les allées.

En agriculture, la luzerne et le trèfle sont très souvent employée en mélange dans les prairies semées pour « booster » la production de fourrage. En grande culture, on peut rajouter au semis de blé une quantité non négligeable de pois (ou de vesce) qui fourniront l’azote nécessaire à la bonne pousse de la céréale, tout en produisant un aliment complet pour le bétail (glucides + protéines).

En maraîchage, on utilise souvent les légumineuses en engrais vert : vesces, trèfle(s), lupin.

Plantes annuelles :

  • les haricots nains et à rames, pois, fèves, lentilles sont les légumineuses les plus connues par chez nous.
  • la cacahuète (et pourquoi pas), pousse aussi sous nos latitude, les étés chauds néanmoins.

Ces plantes seront utilisées de manière régulière par poquets dans les buttes de cultures pour que tous les légumes puissent en profiter, ou en lignes. En rotation on utilisera préférentiellement ensuite des légumes-feuilles gourmands en azote (salades, épinards, choux, …). Attention, les aliacées (ail, oignon, échalotte) ne supporte pas la proximité des légumineuses !

Les autres fournisseurs d’azote non légumineuses :

La nature est bien faite et n’aime pas les monopoles, la famille des eleagnacées porte elle aussi ce super-pouvoir. On les trouve surtout à la strate arbustive et ils ont des propriétés très intéressantes :

  • Les elaeagnus : il y a différentes espèces qui ont toutes en commun la production de fruits intéressants et des fleurs mellifères à odeur suave : elaeagnus umbellata, elaeagnus multiflora (goumi du japon) et d’autres cultivars moins connus. Ils forment des buissons qui peuvent grandir jusqu’à 2 ou 3 mètres. Ils supportent très bien la taille (ce qui a pour intérêt de libérer de l’azote tout alentour), une des plantes de haie les plus utilisée étant l’elaeagnus ebbengei, qu’on ne supposerait pas faire des fruits comestibles, et pourtant !

Fruits du goumi du japon

  • hippophae ramnoides (argousier) : de la même famille comme son nom ne l’indique pas, est très, mais alors très épineux. Utilisé pour fixer les dunes, c’est une plantes pionnière très rustique et vigoureuse. Elle peut pousser jusqu’à 5 mètres, voire plus mais heureusement supporte très bien la taille. On en fait des haies défensives sans difficulté. Ses fruits sont très riches en vitamine C, mais ils sont acides et astringents, on les consomme donc en gelées, sirops, confiture. Les rameaux font un bon fourrage pour les animaux. Attention il a la fâcheuse habitude de rejeter fortement des racines et devenir envahissant.

L’azote des légumineuse fertilise gratuitement et de manière passive les sols. Il est non lessivable, disponible dès que besoin et ce, pour des années. La mauvaise santé de nos sols repose aussi sur le fait que nous avons perdu l’usage de ces plantes, remplacées par des engrais azotés et des effluents d’élevage dont je ne ferais pas (plus) l’énumération des inconvénients.

Il faut bien être un humain pour vouloir payer des services excessivement polluants alors qu’ils sont rendus gratuits par la Nature !

Partager :

Publications récentes

Du global au détail

Sècheresse : Penser le changement ou changer le pansement ?

Mathieu Foudral, il y a

Sècheresse : Penser le changement ou changer le pansement ?

Techniques

Le doute ma butte (ou petite auto-critique des techniques toutes faites)

Mathieu Foudral, il y a

petite auto-critique des techniques toutes faites

Prise de Terre
Les Escuroux
15290 CAYROLS
Tél : +33 (0)6 19 84 90 67
Prise de TerreNotre équipeLe manifesteLa permacultureLes EscurouxToutes nos formationsLe perma-callLe blogContact

Notre newsletter

© 2023 Prise de Terre